Le groupe Roxy Music : remise en cause ou réaffirmation des représentations du masculin et du féminin ?
Roxy Music est un groupe du musique britannique emblématique du rock des années 70. L’histoire de Roxy Music commence lorsque Bryan Ferry, nouvellement diplômé en art moderne dans une école de Newcastle, s’installe à Londres en 1968 et enseigne la céramique dans une école de filles. Ferry se consacre également à une autre de ses passions : la musique. Lorsque Greg Lake quitte King Crimson, Robert Fripp passe une annonce pour tenter de trouver un nouveau chanteur. Bryan Ferry auditionne sans grande conviction. Il n’est pas retenu pour jouer dans le groupe mais il est redirigé vers David Enthoven, de la firme E.G. Rien ne prédisposait ce fils de palefrenier à une telle ambition ; avec le recul, l’émergence de Bryan Ferry sur la scène anglaise nous apparaît comme une personnification d’une génération toute entière : celle des baby-boomers et des Trente Glorieuses. Par la suite, Ferry va rencontrer Brian Eno (synthétiseurs). Brian Eno est quant à lui une personnalité bien plus obscure. Issu des meilleures écoles privées d’Angleterre, l’homme a toujours montré une propension marquée à l’excentricité. Eno veut faire de la musique sans pour autant être musicien. Le travail sur le son, sur l’espace sonore l’intéresse bien plus que les gammes et la pratique instrumentale. Brian Eno arrive à point nommé pour le développement de l’électronique. C’est de la rencontre entre Bryan et Brian que va naître un des groupes les plus atypiques des années 70. Mais ce n’est qu’avec l’adjonction du saxophoniste Andy Mackay et du batteur Paul Thompson que le groupe va véritablement prendre forme sous le nom de Roxy Music. En 1972, Phil Manzarena est engagé dans le groupe comme guitariste. L’impact de ce nouveau groupe est augmenté par le look décadent et ambigu de ses membres, ce qui lui vaut le qualificatif de glam rock. Qu’est-ce qui dans la musique, les attitudes et les apparences du groupe peut faire penser à un questionnement sur les représentations du féminin et du masculin ?
Roxy Music est une figure majeure de ce que l’on appelle le Glam Rock. Le Glam Rock (de glamorous « éblouissant »), aussi appelé Glitter Rock (« scintillement »), est un genre de rock qui s’est développé au début des années 70 au Royaume-Uni et qui s’est perpétué jusque dans les années 80. Ce mouvement est souvent désigné comme étant précurseur du mouvement punk, apparu en 1977. Le style glam rock est reconnaissable parmi d’autres. En effet, il se caractérise par un retour aux simplicités originelles du rock’n’roll après une période marquée par le rock psychédélique, style beaucoup plus fouillé et conceptualisé. C’est également une musique sur laquelle on peut danser facilement. Les morceaux sont plus courts et plus rapides que dans le rock psychédélique.
Le point le plus marquant lorsque l’on parle de glam rock est son côté justement très « glamorous » : les chanteurs et les groupes apparaissent comme les héritiers du dandysme, vêtus de façon excentrique, couverts de strass et de paillettes, portant des bottes à hauts talons et maquillés. C’est le cas de Roxy Music, un groupe à l’excentricité aigue et au sens du spectacle très développé. En effet, sur scène, les membres du groupe arboraient des tenues souvent très colorées et pailletées. Des shows inoubliables pour un groupe qui ne l’était pas moins !
« Roxy Music est au glam ce que les Sex Pistols sont au punk »
Dès le début de Roxy Music, Bryan Ferry a été assez clair sur ses intentions ; influencé par Andy Warhol et le pop art, l’autodidacte en chant voulait insuffler à Roxy Music un esprit très provocateur et un rock peu habituel. Bryan Ferry et Brian Eno ont tout de suite compris que le rock’n’roll était aussi une affaire d’attitude, qu’elle soit rebelle, androgyne, burlesque ou les trois à la fois. C’est en ce sens que le premier album de Roxy Music, album éponyme sorti en 1972, est sans doute l’incarnation la plus pure du glam rock, dépourvue de tout opportunisme, passionnée et sincère.
Les caractéristiques du glam présentes chez Roxy Music lui confèrent une sorte de féminisation de leur personnalité. Par le look qu’ils revendiquent, les membres du groupe apparaissent sous un caractère androgyne. Cependant, aucun d’eux, contrairement à une autre grande figure du glam, David Bowie, ne revendique sa bisexualité ni même son homosexualité. Le fait de s’habiller à la manière d’une femme ou même de se maquiller n’est en outre que la revendication d’une génération qui tend à se libérer des stéréotypes établis et à briser les codes. Roxy Music joue sur les apparences, sur la théâtralité. Au final, l’image féminine qu’ils se donnent n’est qu’un simple assemblage d’artifices mais qui ne touche en rien à leur intégrité.
Roxy Music propose au public la partie la plus « intellectuelle » et complexe du glam. Ferry aspire en effet à un rock flamboyant, complexe et maniéré, capable de séduire le plus grand monde tout en étant apprécié des cercles les plus restreints. Axé à ses débuts sur les personnages du chanteur « crooner » Bryan Ferry et du claviériste Brian Eno, Roxy Music propose ensuite un pop-rock expérimental flirtant parfois avec des éléments de rock progressif. Roxy Music est un vrai mélange de genres s’inspirant d’influences de jazz qui rendent justice à ce mouvement « glam rock ». Ils expérimentent alors leur propre définition du glam rock, cherchant un style original et unique en son genre. Chaque chanson est une nouvelle découverte. L’équilibre entre avant-garde et tradition est particulièrement subtil. En effet, la seule chose qui relie deux morceaux différents tels Virginia plain (1972) et If There Is Something (1972) est qu’ils sont produits par le même groupe et chantés par le même chanteur !
http://www.youtube.com/watch?v=jDULlMa8Hxc
http://www.youtube.com/watch?v=2PDp3g1WoSE
Bref, un groupe qui ne manque pas d’originalité et qui n’hésite pas à revendiquer son amour pour la gente féminine !
Roxy Music, malgré une apparence parfois androgyne comme nous l’avons vu auparavant, revendique également leur masculinité via différentes voies. En effet, dans leur façon de jouer, leur manière de s’habiller au quotidien et les pochettes de leurs disques, les membres du groupe sont de grands séducteurs.
Roxy Music introduit l’usage massif du synthétiseur dans la musique rock, ce qui lui donne un effet plus plastique mais à la fois plus sensuel. Certains titres de Roxy Music sont en effet très « crooner » c’est-à-dire très séducteurs, accentués par la mélodie du synthé, comme par exemple le morceau bien connu, Avalon (1982) :
http://www.youtube.com/watch?v=bpA_5a0miWk&ob=av2e
La voix de Bryan Ferry est également sensuelle et invite à un slow rythmé en couple, comme par exemple dans le morceau Mother of pearl (1976) :
http://www.youtube.com/watch?v=ztOa1lifJxo&feature=relatedutube.com/watch?v=ztOa1lifJxo&feature=related
Roxy Music est un groupe du musique britannique emblématique du rock des années 70. L’histoire de Roxy Music commence lorsque Bryan Ferry, nouvellement diplômé en art moderne dans une école de Newcastle, s’installe à Londres en 1968 et enseigne la céramique dans une école de filles. Ferry se consacre également à une autre de ses passions : la musique. Lorsque Greg Lake quitte King Crimson, Robert Fripp passe une annonce pour tenter de trouver un nouveau chanteur. Bryan Ferry auditionne sans grande conviction. Il n’est pas retenu pour jouer dans le groupe mais il est redirigé vers David Enthoven, de la firme E.G. Rien ne prédisposait ce fils de palefrenier à une telle ambition ; avec le recul, l’émergence de Bryan Ferry sur la scène anglaise nous apparaît comme une personnification d’une génération toute entière : celle des baby-boomers et des Trente Glorieuses. Par la suite, Ferry va rencontrer Brian Eno (synthétiseurs). Brian Eno est quant à lui une personnalité bien plus obscure. Issu des meilleures écoles privées d’Angleterre, l’homme a toujours montré une propension marquée à l’excentricité. Eno veut faire de la musique sans pour autant être musicien. Le travail sur le son, sur l’espace sonore l’intéresse bien plus que les gammes et la pratique instrumentale. Brian Eno arrive à point nommé pour le développement de l’électronique. C’est de la rencontre entre Bryan et Brian que va naître un des groupes les plus atypiques des années 70. Mais ce n’est qu’avec l’adjonction du saxophoniste Andy Mackay et du batteur Paul Thompson que le groupe va véritablement prendre forme sous le nom de Roxy Music. En 1972, Phil Manzarena est engagé dans le groupe comme guitariste. L’impact de ce nouveau groupe est augmenté par le look décadent et ambigu de ses membres, ce qui lui vaut le qualificatif de glam rock. Qu’est-ce qui dans la musique, les attitudes et les apparences du groupe peut faire penser à un questionnement sur les représentations du féminin et du masculin ?
Roxy Music est une figure majeure de ce que l’on appelle le Glam Rock. Le Glam Rock (de glamorous « éblouissant »), aussi appelé Glitter Rock (« scintillement »), est un genre de rock qui s’est développé au début des années 70 au Royaume-Uni et qui s’est perpétué jusque dans les années 80. Ce mouvement est souvent désigné comme étant précurseur du mouvement punk, apparu en 1977. Le style glam rock est reconnaissable parmi d’autres. En effet, il se caractérise par un retour aux simplicités originelles du rock’n’roll après une période marquée par le rock psychédélique, style beaucoup plus fouillé et conceptualisé. C’est également une musique sur laquelle on peut danser facilement. Les morceaux sont plus courts et plus rapides que dans le rock psychédélique.
Le point le plus marquant lorsque l’on parle de glam rock est son côté justement très « glamorous » : les chanteurs et les groupes apparaissent comme les héritiers du dandysme, vêtus de façon excentrique, couverts de strass et de paillettes, portant des bottes à hauts talons et maquillés. C’est le cas de Roxy Music, un groupe à l’excentricité aigue et au sens du spectacle très développé. En effet, sur scène, les membres du groupe arboraient des tenues souvent très colorées et pailletées. Des shows inoubliables pour un groupe qui ne l’était pas moins !
« Roxy Music est au glam ce que les Sex Pistols sont au punk »
Dès le début de Roxy Music, Bryan Ferry a été assez clair sur ses intentions ; influencé par Andy Warhol et le pop art, l’autodidacte en chant voulait insuffler à Roxy Music un esprit très provocateur et un rock peu habituel. Bryan Ferry et Brian Eno ont tout de suite compris que le rock’n’roll était aussi une affaire d’attitude, qu’elle soit rebelle, androgyne, burlesque ou les trois à la fois. C’est en ce sens que le premier album de Roxy Music, album éponyme sorti en 1972, est sans doute l’incarnation la plus pure du glam rock, dépourvue de tout opportunisme, passionnée et sincère.Les caractéristiques du glam présentes chez Roxy Music lui confèrent une sorte de féminisation de leur personnalité. Par le look qu’ils revendiquent, les membres du groupe apparaissent sous un caractère androgyne. Cependant, aucun d’eux, contrairement à une autre grande figure du glam, David Bowie, ne revendique sa bisexualité ni même son homosexualité. Le fait de s’habiller à la manière d’une femme ou même de se maquiller n’est en outre que la revendication d’une génération qui tend à se libérer des stéréotypes établis et à briser les codes. Roxy Music joue sur les apparences, sur la théâtralité. Au final, l’image féminine qu’ils se donnent n’est qu’un simple assemblage d’artifices mais qui ne touche en rien à leur intégrité.
Roxy Music propose au public la partie la plus « intellectuelle » et complexe du glam. Ferry aspire en effet à un rock flamboyant, complexe et maniéré, capable de séduire le plus grand monde tout en étant apprécié des cercles les plus restreints. Axé à ses débuts sur les personnages du chanteur « crooner » Bryan Ferry et du claviériste Brian Eno, Roxy Music propose ensuite un pop-rock expérimental flirtant parfois avec des éléments de rock progressif. Roxy Music est un vrai mélange de genres s’inspirant d’influences de jazz qui rendent justice à ce mouvement « glam rock ». Ils expérimentent alors leur propre définition du glam rock, cherchant un style original et unique en son genre. Chaque chanson est une nouvelle découverte. L’équilibre entre avant-garde et tradition est particulièrement subtil. En effet, la seule chose qui relie deux morceaux différents tels Virginia plain (1972) et If There Is Something (1972) est qu’ils sont produits par le même groupe et chantés par le même chanteur !
http://www.youtube.com/watch?v=jDULlMa8Hxc
http://www.youtube.com/watch?v=2PDp3g1WoSE
Bref, un groupe qui ne manque pas d’originalité et qui n’hésite pas à revendiquer son amour pour la gente féminine !
Roxy Music, malgré une apparence parfois androgyne comme nous l’avons vu auparavant, revendique également leur masculinité via différentes voies. En effet, dans leur façon de jouer, leur manière de s’habiller au quotidien et les pochettes de leurs disques, les membres du groupe sont de grands séducteurs.
Roxy Music introduit l’usage massif du synthétiseur dans la musique rock, ce qui lui donne un effet plus plastique mais à la fois plus sensuel. Certains titres de Roxy Music sont en effet très « crooner » c’est-à-dire très séducteurs, accentués par la mélodie du synthé, comme par exemple le morceau bien connu, Avalon (1982) :
http://www.youtube.com/watch?v=bpA_5a0miWk&ob=av2e
La voix de Bryan Ferry est également sensuelle et invite à un slow rythmé en couple, comme par exemple dans le morceau Mother of pearl (1976) :
http://www.youtube.com/watch?v=ztOa1lifJxo&feature=relatedutube.com/watch?v=ztOa1lifJxo&feature=related
Roxy Music n’arbore pas toujours des tenues pailletées et un maquillage « glitterous ». On voit une évolution de leur style vestimentaire au fur et à mesure que les années passent. En effet, au début de leur carrière, les membres de Roxy Music adoptent un style androgyne. Roxy Music joue longtemps avec la provocation et leur style vestimentaire sur scène ou lors d’interviews. Cependant, vers la fin des années 70, Roxy Music arbore un style plus masculin. Habillés en costards-cravates, ils s’éloignent des stéréotypes glam que nous avons énoncé. Comme dans cette chanson, Trash, de 1976 :
http://www.youtube.com/watch?v=HZr5HpNm2TU&ob=av2e
En ce qui concerne les pochettes de leurs albums, elles ont souvent présentées de jolies femmes à demi dénudées. Le seul album, à ma connaissance, qui ne présente pas une femme sur la pochette est l’album Avalon de 1982.
Sur leur premier album apparaît un mannequin, Amanda Lear, une ex copine de Bryan Ferry qui le quitta pour David Bowie. Le deuxième album présente une
autre ex copine de Ferry, Jerry Hall qui le quitta pour Mick Jagger ! Les deux femmes représentées sur la pochette de l’album Country Life
sont deux portugaises rencontrées lors d’un voyage. Cette photo les a rendues célèbres et riches. Cependant, cette pochette fit scandale aux Etats-Unis et le disque fut vendu avec le même arrière plan mais sans les deux femmes ! Les pochettes de leurs disques montrent donc un attachement à l’esthétique du corps féminin.Roxy Music est donc un groupe qui joue sur l’ambivalence. A plusieurs reprises nous avons constaté une certaine androgynie chez les musiciens de Roxy Music, notamment lors d’apparitions sur scène où ils sont habillés de manière excentrique et fantaisiste. Cela pourrait nous faire penser que les rôles masculins des membres du groupe ont été effacés au profit d’une féminisation de leurs personnages. Cependant, au fil des années, Roxy Music a laissé tomber ce dandysme androgyne pour un style plus masculin. Vers la fin des années 70, ils arborent des costumes avec pantalon, blaser et cravate. Leur musique au style intellectualisé peut nous amener à penser que leur look provocant était en fait une réflexion sur les rôles masculins et féminins. En effet à l’époque, la féminité est au cœur des débats politiques et sociaux. Nous pouvons également en conclure, par les pochettes de leurs disques et par leur look aux pantalons moulants, que Roxy Music loue un culte à l’esthétique des corps, masculins ou féminins. Le groupe Roxy Music est donc bien un mélange entre remise en cause et réaffirmation des représentations du masculin et du féminin. C’est par la remise en cause des genres (gender an anglais) via un mélange de ceux-ci, que l’on peut, par la suite, affirmer ou réaffirmer les rôles de chacun, tant sur le plan physique que social.
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