mercredi 3 novembre 2010

GANG OF FOUR - Entertainment! (1978)

Les années punk

Gang of Four, groupe mythique anglais, est créé par quatre étudiants de l’université de Leeds fin des années 70. Ils profitent de la vague punk de 1977 pour monter leur quatuor et se faire entendre. Car leur musique est revendicative et assez politisée. Par exemple, le nom du groupe fait référence à une faction communiste chinoise réprimée après la mort de Mao Zedong et qui fut active notamment pendant le procès de la veuve de Mao au début des années 80.

Le groupe évolue dans le genre post punk et ne met pas longtemps pour sortir son premier album, Entertainment ! (1979). Le disque est un carton et demeure le meilleur opus de Gang of Four à ce jour. Preuve encore de leur côté rebelle, le titre le plus célèbre de l’album To Hell With Poverty est interdit sur toutes les radios d’Angleterre. Ce coup de pub leur est d’ailleurs bénéfique et la chanson devient l’hymne le plus connu de Gang of Four.

Les lauriers affluent pour Jon King (chant), Andy Gill (guitare), Dave Allen (basse) et Hugo Burnham (batterie). Il est vrai que les membres de Gang of Four innovent. Leur style est riche: une basse bien inspirée et très présente sur chaque titre donne une dimension musicale énorme qui influencera beaucoup d’autres formations. Mais il n’y a pas que ça. La guitare d’Andy Gill est puissante et propose des sons purs et rêches. Les rythmes sont abondants et souvent funk. Quant à leurs textes, ils sont réfléchis et truffés de messages radicaux.

Le GANG OF FOUR chinois originel arrêté en octobre 1976, lors de la nomination de Hua Guofeng à la présidence du parti communiste chinois. Ils représentaient la tendance radicale maoïste, et leur ascension politique était consécutive à la Révolution culturelle. Le procès fut diffusé à la télévision. L'acte d'accusation précisait qu'ils étaient accusés d'être directement responsables de la persécution de « 729 511 personnes » et de la mort de 34 800 d'entre elles pendant la Révolution culturelle. Leur procès (novembre 1980-janvier 1981) se termine par la condamnation à mort de Jiang Qing et de Zhang Chunqiao, peine commuée en détention perpétuelle en 1983.

...Le GANG OF FOUR version UK, poings levés

Les années 80

Le groupe fait son bout de chemin et sort son deuxième album, Solid Gold, en 1981. Malheureusement, Gang of Four ne connaît pas le même succès qu’avec Entertainment !. Le groupe enchaîne, ensuite, les concerts mais les individualités s’affirment: Dave Allen quitte Gang of Four pour former Shriekback. Il est remplacé par Sara Lee.

Le troisième album sort en 1982, et fait couler beaucoup d’encre, entre autres, avec le titre I Love A Man In Uniform qui fait scandale et est interdit sur les ondes radio anglaises. En cause, des textes traitant de la guerre des Malouines et qui sont jugés trop rebelles. Ensuite, deuxième changement de line-up: Hugo Burnham est viré du groupe. Gang of Four se cherche et fait appel à un producteur américain pour les albums Hard (1983) et At the Palace (1984). Mais le succès n’est plus au rendez-vous. C’est la fin de l’histoire…

Que retenir alors du court parcours de Gang of Four ? Des titres accrocheurs et forts, des textes engagés, de la musique innovante. Et puis, rien de moins qu’une influence dont à l’époque le groupe ne se doutait pas. En effet, des musiciens comme Kurt Cobain, Franz Ferdinand ou encore les membres des Red Hot Chili Peppers ont à de nombreuses reprises cité Gang of Four comme référence.

Mais l’influence du goupe ne s’arrête pas là. La basse de Dave Allen est au fondement de la fusion entre rock et funk. Quant à la guitare incontrôlée d’Andy Gill, elle aura précédé la noisy pop.

1 commentaire:

  1. Toutes les critiques sont bonnes à prendre. Certaines plus que d'autres ! :)
    Excellent article sur le toujours excellent site www.xsilence.net
    http://www.xsilence.net/disque-2121.htm


    Monstrueux.

    De ces albums dont on sait très pertinemment que, dès les premières notes, ils vont bouleverser à jamais toute vision quelle qu'elle fut de la musique. A ce titre, tout d'abord, on peut déjà lui donner nom de chef-d'oeuvre.

    On comprend en effet que dès "Ether", très bon rock urgent martyrisé par la batterie qui semble tout ignorer de l'auditeur qui vient à peine de poser le disque sur sa platine, dès ce premier titre que les mecs ont créé ce genre si recherché après ça, en pleine tourmente post-punk: punk mais funk ! Le punk pour un peu ici nous fait donc sourire, impossible -testé cliniquement- de rester en place, sans rage et sans se dire que comme très peu de groupes, ils ont créé à eux seuls une petite révolution musicale, un nouveau genre, un style sans complexe et grandiose dans ces arrangements. Combien de groupes peuvent prétendre à avoir créer un style aussi inespéré et maîtrisé, sans aucune comparaison possible, sauf ultérieure ?

    Du punk oui ! Quasi éructé ("Guns Before Butter") dont le titre nous force à nous arrêter sur l'engagement marxiste du groupe, qui semble tout essayer des possibilités sonores de leur invention groovy politisé: à noter aussi qu'en plus de la qualité musicale, de leur engagement, leur pochette est aussi drôle que cynique.
    Des jouissances langagières de "I Found That Essence Rare" à celles "Natural's Not In It", Gang of Four révise notre connaissance de la musique anglaise, lui donnant ce son de guitares jamais autant appuyées et foisonnant de richesses diverses.

    Après un facile "Not Great Men" qui ferait dancer même les plus indigents culturellement amateurs des dance-floors, les Gang Of Four choisissent un titre ultime, qui accèlère encore un peu plus les battements de coeur et nous laissent à peine le temps d'esquisser quelques larmes sur ces 4 minutes de rage indépassables: "Damaged Good" et son choeur désespéré. Qui ne s'arrête vraiment qu'avec le groove tendu de "Return The Gift". Pourtant je pense ne pas faire de caprice en placant presque au même niveau que "Damaged Good" le pertinent "5.45", punk dans l'âme.

    A noter au passage l'excellence de titres quasi-post-rock comme "At Home He's A Tourist", "Anthrax" ou "Contract" ou les paroles d'un "Glass" qui ne peuvent manquer à votre attention:
    "I'm so restless. I'm bored as a cat". Encore une chanson parfaite un jour de pluie, un jour d'ennui.

    A noter que vous pouvez vous procurer l'extension d'Entertainment de 3 titres supplémentaires depuis 1995 (avec "Outside The Trains Don't Run On Time", "He'd Send In The Army" et "It's Her Factory"), si vous doutez du reste de la discographie du groupe.

    A mettre impérativement sur "repeat" continuel si vous cherchez encore un album à pouvoir écouter toute la journée sans faiblir.

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