mardi 26 octobre 2010

In A Gadda Da Vida - Iron Buttefly I

Le Heavy Metal puise aussi ses racines dans le psychédélisme.

Groupe incontournable de la vague acid-rock, Iron Butterfly n’est pourtant que le groupe d’un seul album, voire même d’une seule chanson, le reste de leur courte discographie étant tombé dans l’obscurité depuis longtemps pour la majorité du public. Mais quelle chanson ! Et quel album, en fin de compte !

Des titres de très bonne facture, qui posent les bases du hard rock à travers leurs guitares rêches mais mélodiques. Mais en même temps, des paroles douces, un peu naïves, et des harmonies vocales qui signent l’appartenance du groupe à la mouvance hippie. Nous sommes en 1968 et le Summer of love n’est pas si loin.

La voix de Doug Ingle sait pourtant se faire plus ample et grave à l’occasion (Termination), tandis que les accords se font plus durs voire même quelque peu sinistres (Are you happy ?), mais le propos général de l’album reste globalement positif. Tout au long de celui-ci, l’orgue s’en donnera d’ailleurs à cœur joie, passant d’un recueillement spirituel à une joyeuse débandade psychédélique. Hé oui, ça plane sec chez le Papillon de fer ! Avec ses morceaux gentillets et romantiques et sa forte teneur en THC, cet album, à l’instar de nombre de ses contemporains m’évoquera toujours un groupe de chevelus en chemises hawaïennes et bandanas, fonçant vers San Francisco en Cadillac Deville convertible, sincèrement persuadés que la méditation transcendantale et la prise d’acide en groupe allaient pouvoir arrêter la guerre du Vietnam.

Et puis, il y a le monument : la chanson-titre, hymne parfait pour une époque que, intéressé ou pas par les idées qu’elle véhiculait, on regarde toujours avec une certaine affection. In-a-gadda-da-vida, ses 17 minutes (dont plus de 7 de quasi-solo de batteries), son harmonium funèbre, son thème principal reconnaissable entre tous, sa voix lyrico-pâteuse larger than life, les mythes qui lui sont rattachés,... Bref, une pièce à la mégalomanie défoncée qui a laissé une empreinte durable sur le rock (au point que même un groupe comme Slayer ait fini par se fendre d’un hommage à Iron Butterfly en reprenant ce morceau). Sachez donc que le titre quelque peu ésotérique serait tout simplement la transcription en langage junkie de In the garden of Eden, mots que Doug Ingle ne serait jamais arrivé à prononcer correctement lorsqu’il composait, pétard aux lèvres, les quelques paroles égarées au milieu de ce véritable trip sonore. Autre légende urbaine : qu’un titre de cette longueur, effrayante pour l’époque, ait connu un tel succès radiophonique paraît invraisemblable. Mais les DJ et programmeurs rock de l’époque y trouvèrent, paraît-il, le moyen infaillible et inattaquable de prolonger leurs pauses clopes (clopes ?)... Tout le monde y gagna, en fin de compte.

Iron Butterfly est un groupe injustement méconnu par une large frange du public actuel. Et qu’on aime ou pas le rock planant des années 60, son statut de monstre classique mérite au moins qu’on lui accorde une écoute attentive de son œuvre la plus marquante, qui synthétise avec grand talent rock sous amphet, style hard embryonnaire et Flower power.

Marc Lenglet


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire